Tirer les enseignements du ramadan 2021 pour contrecarrer les pratiques douteuses qui ont pu être observées durant cette période, tel était le but recherché par l’opération “thermomètre ramadan”. « L’année dernière, de nombreuses pratiques anormales ont été remarquées, avec notamment des effets de stockage ayant provoqué des tensions inflationnistes pour revendre au prix fort en cas de pénurie. Nous ne voulions pas que cela se reproduise », s’est exprimé le préfet en ouverture de la conférence de presse.
Lutter contre l’inflation au niveau local
Cette situation décrite par M. Suquet aurait été des plus dommageable cette année avec le contexte international actuel. La reprise de l’activité économique mondiale et la guerre en Ukraine n’ont pas été étrangères à l’inflation soutenue, en témoignent les récents chiffres de l’INSEE sur ce phénomène : entre janvier 2021 et mars 2022, les prix ont augmenté de 4,8 %. Pour éviter que l’inflation ne soit entretenue par des pratiques locales, les services de l’Etat dont la DEETS et la DAAF ont été mobilisés au cours de la période du ramadan.
Selon le préfet, « on a mis en place des contrôles avec le Pôle concurrence et répression des fraudes de la DEETS et mobilisé l’inspection du travail en lien avec les services de la douane et les services de la Direction de l’agriculture, de l’alimentation et de la forêt ». « Il s’agissait de pratiquer des contrôles sur les produits importés, poursuit Thierry Suquet, ainsi que la conformité des produits alimentaires et non alimentaires en provenance de Madagascar. On a ensuite regardé les pratiques des professionnels pour savoir s’ils respectaient les pratiques de facturations ».
Ces interventions de contrôle à l’importation de marchandises en provenance de Madagascar auront permis de dresser, durant le mois de ramadan, cinq procès-verbaux et un certificat de non-conformité ainsi qu’amenées à douze injonctions et un avertissement. Ces mesures ont notamment permis le 14 avril dernier de contrôler des produits alimentaires ainsi que des produits cosmétiques non conformes aux réglementations en vigueur à Kaweni.
Par ailleurs, comme partout en France, la DEETS a été mobilisée en avril sur le retrait et le rappel de produits Ferrero-Kinder pour vérifier la mise en place effective des procédures par les distributeurs.
Savoir quels sont les produits qui relèvent de la production locale
Le thermomètre des prix a en outre été mis en place pour les grandes et moyennes surfaces afin de suivre leurs évolutions sur vingt-sept produits essentiellement utilisés durant le ramadan tels que les farines, le sucre, les oignons ont été passés au crible. Ce dispositif a permis d’identifier selon le préfet « des fausses promotions liées au ramadan. On a mis en garde les entreprises sur de telles pratiques surtout sur l’absence d’étiquetage de prix sur lesquels nous sommes intervenus, notamment pour les oignons et les patates douces ».
Par ailleurs des interventions ont eu lieu sur le marché de Mamoudzou mais également
celui de Coconi. L’objectif de ces démarches est également « d’éclaircir le paysage mahorais afin que le consommateur soit informé de ce qu’est la production locale et de ce qu’il ne l’est pas », souligne Thierry Suquet. Le but recherché pour l’ensemble de ces actions répond à un double impératif : veiller d’une part à ce que les informations fournies aux consommateurs ne soient pas trompeuses et, d’autre part, sanctionner les pratiques commerciales douteuses.
Des contrôles qui vont se poursuivre hors période de ramadan
Ainsi, le préfet a fait savoir que la démarche de contrôle est élargie sur « l’ensemble des territoires avec une douzaine de contrôles programmés avec les polices municipales en mai et juin prochains sur les marchés locaux comme cela a été fait à Mamoudzou avec un ciblage sur les secteurs sensibles au travail dissimulé ». Toutefois, en l’absence de laboratoire d’analyse sur l’île, les échantillons et autres prélèvements sont envoyés en métropole ou à La Réunion. L’île au lagon gagnerait indéniablement à se doter d’une telle infrastructure afin de pouvoir se suffire à elle-même pour assurer la sécurité de ses consommateurs.
Pierre Mouysset
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