Avant le directeur de l’établissement, Etienne Morel, c’est le docteur Mohamed Ahmed Abdou, le président de la Commission médicale d’Etablissement (CME) qui a prononcé ses vœux, tout en annonçant son départ. Après 32 ans d’exercice du métier, il va « prendre de vraies vacances », avant de revenir pour travailler toujours à l’amélioration du système de santé à Mayotte, « mais sans doute dans le libéral. » Et promouvoir le métier auprès des jeunes.
C’était donc à une tribune de départ qu’a eu droit une partie du personnel hospitalier présent, ainsi que des officiels, dont le préfet. Les difficultés de l’île et leur impact sur l’établissement étaient bien sûr au cœur, « les évènements sporadiques qui perturbent au quotidien la vie de la population, notamment ceux d’avril dernier, créent un sentiment d’insécurité, et ont un impact désastreux sur l’attractivité en dissuadant de nombreux praticiens hospitaliers. »
Le médecin évoque jadis la construction d’un hôpital à la taille de 200.000 habitants, « or, nous sommes plus du double », qui se traduit par « un manque chronique de places, qui pèse sur la qualité des soins, et un déficit en personnel. » Il remerciait d’ailleurs l’ensemble des professionnels hospitaliers « pour leur courage et leur calme ».
Sourde oreille du ministère de la Santé
S’il disait son bonheur d’avoir travaillé aux côtés du directeur Etienne Morel et de Sophie Olivier, sa vice-présidente à la CME, il mettait en évidence « l’asphyxie de l’hôpital », la moitié des postes occupés « en lien avec le manque d’attractivité et de fidélisation », et reprochait au ministère de la Santé sa sourde oreille, « en apportant parfois des solutions, mais non adaptées à nos difficultés. »
Ses vœux se tournaient vers la poursuite du combat entamé, envers la médecine de ville, quasiment inexistante à Mayotte, des moyens à allouer aux PMI, un bloc opératoire fonctionnel et aux normes, et un service de psychiatrie, « mais surtout le soutien des élus. »
Etienne Morel reprenait les chiffres qui ont marqué l’année 2016 : 9.514 naissances, un record, des passages aux urgences en hausse de 6%, sollicitées plus de 1.000 fois, et se disait fier d’avoir presque pourvu les 114 postes alloués par l’ARS.
Reprise de l’ancienneté des agents ex-CDM
Les 33 millions d’euros d’aides vont pouvoir épauler le CHM dans son remboursement sur 10 ans de son emprunt toxique, « puisse ce type de dossier ne plus jamais voir le jour », glissait le directeur, mais le déficit de l’établissement se maintient au dessus de 10 millions d’euros, « l’ARS va renflouer la dotation globale, car notre activité flambe depuis fin 2014. »
Il remerciait un personnel d’établissement à la hauteur, qui a pu bénéficier de son côté de plusieurs avancées sociales, comme la prise en charge de l’inaptitude au travail, ou « la reprise de 75% d’ancienneté de 300 anciens fonctionnaire de la collectivité ».
Les projets immobiliers sont lancés, avec l’hôpital de Petite Terre, ou le Centre médico-psychiatrique, comme l’évolution des services, notamment le nouveau centre de soins dentaires, la télémédecine, la présence de deux gastroentérologues… « La grande visite de certification de l’hôpital aura lieu fin 2017 ».
Abnégation du personnel du CHM
Ce n’est un secret pour personne, Etienne Morel est sur le départ, « mon contrat de 4 ans se termine le 28 février », et évoque un exercice professionnel « déroutant mais passionnant ».
Le président du conseil de surveillance, Thani Mohamed Soilihi, ne pouvait que reprendre les problématiques principales d’ « offre sanitaire insuffisante avec une charge liée à une immigration clandestine considérable », et plaçait beaucoup d’espoir dans le contrat de collaboration GHT-OI signé avec le CHU de la Réunion.
Il annonçait son intention de poursuivre son combat auprès du nouveau ministère de la Santé, « si les grands électeurs me renouvellent leur confiance », et résumait d’un mot le travail du personnel hospitalier dans des conditions parfois extrême, « on peut parler d’abnégation. »
La matinée de vœux s’est terminée par la remise de médailles du travail, avec notamment celle en argent pour Josiane Henry, la directrice de l’IFSI.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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