Il est arrivé aux alentours de 14 heures devant le juge d’instruction pour être entendu dans le cadre d’un interrogatoire de première comparution. Le major de la brigade de gendarmerie de Mtsamboro ressortira plusieurs heures plus tard, mis en examen. On lui reproche des faits de manœuvres frauduleuses dans l’établissement de procurations. Il est également soupçonné d’avoir commis des faux, avec la circonstance aggravante qu’il s’agissait d’un agent dépositaire de l’autorité publique. Enfin, on parle de complicité dans l’utilisation de ces faux et de les avoir utilisés.
Au total, 4 chefs de prévention ont été visés dans le réquisitoire du procureur de la République. Celui-ci demandait à ce que le mis en cause soit placé en détention provisoire. Le juge des libertés et de la détention en a décidé autrement. L’homme a finalement été placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire sans autorisation du juge d’instruction. Il a également l’interdiction d’entrer en contact avec certaines personnes qui ont déjà été entendues dans le cadre de cette affaire dite des «fausses procurations». Il devra également se présenter deux fois par semaine, à la brigade rattachée à son lieu de domicile.
Pour Maître Saidal Mohamed, son avocat, c’est le soulagement «pour moi et surtout soulagement pour lui. Les risques étaient gros: c’était la prison, tout de suite, ce soir! Pour moi, c’est une première victoire dans ce dossier. Le temps arrivera où l’on établira définitivement son innocence par rapport aux faits qui lui sont reprochés. Ce soir, la justice lui a fait confiance et ce n’est que justice. Les éléments du dossier ne permettaient pas d’envoyer mon client en détention provisoire. C’est pour moi un début de rétablissement de sa dignité et de sa réputation.»
La vérité sur le déroulement du scrutin
Mais pour le procureur de la République, Camille Mansioni, cette détention provisoire était nécessaire. C’est ce qu’il a indiqué un peu plus tôt, lors du débat contradictoire: «au vu de la difficulté de l’enquête et de l’instruction, cette mesure était nécessaire. Je souhaitais que cette enquête soit menée dans la tranquillité et sérénité», explique-t-il. «Ce que je crains, de façon très objective, c’est qu’il puisse y avoir de la concertation entre d’autres personnes potentiellement intéressées dans ce dossier… Ou des pressions. Ce risque est réel. Il m’a semblé que la détention provisoire était la seule mesure qui puisse garantir la sérénité des investigations. Il faut que ce dossier soit instruit dans la sérénité et rapidement».
Cette enquête ouverte depuis le 23 juin doit permettre de déterminer la vérité sur le déroulement du 2nd tour des élections législatives, le 18 juin dernier, dans la circonscription Nord. Lors de cette soirée électorale, la victoire du candidat (LR) Elad Chakrina avait été annoncée pour quelques voix mais après une revue des Procès-verbaux des bureaux de vote le lendemain et corrections d’erreurs, la victoire était finalement revenue à la candidate PS Ramlati Ali. Le clan d’Elad Chakrina avait alors, à plusieurs reprises, dénoncé des irrégularités «massives», parlant entre autres de fausses procurations.
D’autres personnes ont déjà été entendues dans le cadre de cette affaire, dont un chef de pôle du CHM, et un homme haut placé au sein de la ligue de Football de Mayotte.
Abby Saïd Adinani
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