Malgré une deuxième quinzaine relativement sèche, il est tombé le double de pluie par rapport aux normales de saison sur l’ensemble du mois, avec, en moyenne, 460 mm sur chaque point de mesure. Comme il est difficile de traduire les millimètres en quantité d’eau potable, Bertrand Laviec a sorti sa calculette : « cela représente 173 milliards de litres sur le territoire en un mois. »
Mais attention, le sud et le centre de l’île ont été largement plus arrosés que le nord : « il y a eu plus de trois fois la moyenne dans l’extrême sud de Grande Terre (322% à Kani Kéli) et « seulement » 40% de plus que la normale dans le Nord Est à Mtsamboro. On peut aussi citer 2 fois la normale à Combani (196%) ou Petite Terre (211% à Pamandzi), 172 % à Mamoudzou. »
Si depuis le 13 février, il pleut beaucoup moins, l’île va encore être arrosé, « nous n’en sommes qu’à la moitié de la saison des pluies, avec une zone de convergence intertropicale positionnée au sud de notre île. C’est sa descente qui nous avait amené l’épisode de janvier, en remontant, elle va également nous apporter des pluies ». Un déplacement qui pourrait avoir lieu d’ici 15 jours.
Ça gronde en eaux chaudes
S’il a beaucoup plu, il a aussi fait très chaud, « le cinquième mois de février le plus chaud sur ces 20 dernières années, « derrière 1998, 2013, 2010 et 2005. », et conformément aux prévisions de Météo France publiées en fin d’année dernière.
« Ces phénomènes peuvent s’expliquer par des températures de l’eau de mer anormalement élevées, à cause du phénomène mondial El Nino, particulièrement fort cette année, mais il s’inscrit aussi dans la logique du changement climatique global », indique le météorologue. Des eaux chaudes qui peuvent provoquer des orages comme nous en connaissons depuis avant-hier, « des orages qui ont besoin de ce potentiel énergétique de chaleur alliée à l’humidité. »
Accalmie sur les cyclones
Pour l’instant, la saison des pluies a été avare en systèmes, contrairement aux années précédentes où l’on avait vu défiler les lettres de l’alphabet d’appellations donnés aux cyclones : « Ça aussi, nous l’avions prévu. Lors de la conférence sur les prévisions saisonnières, nous avions annoncé une période cyclonique plutôt calme », souligne-t-il.
Ce qui n’a pas empêché d’avoir de fortes pluies : « Contrairement à la Bretagne où on voit arriver les perturbations pluvieuses, ici, c’est surtout la zone de convergence intertropicale qui apporte la pluie. »
Des pluies plus violentes sur une période plus courte, c’est aussi ce que Bertrand Laviec avait prévu, « des phénomènes plus violents sur une période plus ramassée, cette année est un bon exemple de ce qui va se passer par la suite », annonce-il.
Les prochaines prévisions saisonnières pour le trimestre d’avril à juin seront disponibles fin mars.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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